Chiffre emblématique dans la musique américaine et particulièrement dans le Blues, "9" est le neuvième album d'Awek. "Number 9" est aussi le titre d'une chanson placée symboliquement au milieu du cd, très représentative de la direction de ce nouvel opus. C'est dans la production que le quartet a changé de cap. Laissant les studios américains des 3 derniers albums, pour une sonorité profonde et plus large. Le son du groupe est toujours là. C'est la signature d'Awek depuis plus de 20 ans. Mais cette fois ci, sous le contrôle de David Oldum ingénieur du son nomade, il est encore plus brut et percutant. C'est dans le plus américain des studios français (Black Box) qu'a été réalisé cet enregistrement en février 2015 pour les prises de son et fin mars pour le mixage. Deux musiciens additionnels talentueux sont présents sur plusieurs titres et gonflent le moteur puissant de la machine Awek : Julien Brunetaud au piano et à l'orgue Hammond, et Zeb Heintz à la guitare slide et rythmique. Ces deux artistes exceptionnels ont comme Awek sillonné les festivals, se sont immergés dans l'univers du Blues et ont vécu l'expérience américaine. Zeb qui au passage a co-produit l'album, et a renforcé l'idée de créer un album concept. Comme si aucune des chansons de "9" ne pouvait être celle d'un disque précédent. Pour l'anecdote Awek a enregistré (live) 18 titres en 4 jours, mais n'a retenu que les plus atypiques et inspirés. Pour donner un sens à cet opus et affirmer la priorité à l'originalité. L'album débute par "Pretty Little Liar", chanson tribale et vaudou dans la veine de R.L Burnside, mais toujours façon Awek. Comme pour annoncer la couleur du changement dès le départ. Ce ne sera pas la seule surprise pour les fans du groupe. "Once upon a time" est une improvisation collective où plane l'esprit de John Lee Hooker. La voix et les instruments se chevauchent s'entremêlent et se répondent. "Chainsaw girl" tel un road movie, nous fait voyager. Aussi envoûtant qu'un morceau de Skip James, par sa langueur et son émotion, mais dont la partie slide ne vous laissera pas succomber à la tentation de l'assoupissement. Enfin "ma Chérie, ma Chérie", premier titre en français depuis 20 ans, aux accents de la Louisiane plutôt que celui du bord de la Garonne, chaloupé par le piano de Julien Brunetaud. Et puis il y a toujours et encore l'harmonica de Stéphane Bertolino vous surprenant à chaque note, sobre comme on aime l'entendre dans le Blues ou parfois très enflammé. La sonorité des guitares dans les mains expertes de Bernard Sellam et Zeb ravira les oreilles des amateurs de la six cordes. Quand a la rythmique de Joël Ferron et Olivier Trebel, elle n'est plus là uniquement pour soutenir les solistes ou la voix, mais pour définir le climat et dessiner le paysage de chaque chanson. "9" est une expérience et un "trip" pas uniquement pour ses créateurs, mais surtout pour ses auditeurs. C'est un album qu'on écoute du début à la fin, car chaque chanson en appelle une autre.