Un album qui crédite Julius Hemphill mérite d’emblée notre attention. Mais au-delà de cette référence, c’est tout ce groupe qui nous accroche, et dès le premier thème, celui qui donne le titre de l’album. Une introduction au sax toute de cassures que vous ne retiendrez pas facilement, mais pour vous faciliter la tâche, les musiciens y reviennent à plusieurs reprises, afin de vous en faire déguster toutes les saveurs. Oscar Noriega propose un solo en courbes reptiliennes parasité par les tourments de la guitare, et constellé d’irisations des autres instrumentistes, dont Tim Berne. Ce dernier prend ensuite un long solo, lui aussi tourmenté, occasion pour les autres de parsemer ce parcours de ponctuations diverses, de solos simultanés souvent divergents qui se poursuivent alors que le sax se tait. Suit un superbe trio piano, vibraphone, guitare où Marc Ducret apporte toute l’étrangeté qui lui est familière. Et lorsque la totalité du groupe se retrouve, on est surpris que cela fasse mélodie, certes encore un peu hachée, et par la richesse des timbres de l’orchestre.... "Citizen jazz"